En cette fin d’année, Paris
accueille une « saison japonaise ». Beaucoup d’événements sont
organisés, liés à l’art et à la culture du Japon. Pour qui est sensible au
kabuki, au furoshiki, à la cérémonie du thé, aux estampes d’Hiroshige, aux
laques, aux paravents, aux kimonos, aux haïkaïs, aux céramiques décorées de
pivoines, d’iris, de joncs ou de démons, la saison enivre, autant que le saké –
sec ou pétillant du pays.
Beaucoup d’expositions,
donc, parmi lesquelles celle proposée par le musée Guimet, consacrée à l’ère
Meiji.
Meiji, qui signifie « le
gouvernement éclairé », est le nom qui désigne le règne de l’empereur
Mutsuhito (1852-1912). Une ère somme toute brève dans l’histoire du Japon, mais
qui ouvrira le pays à la modernité, et surtout lui offrira des échanges avec
l’Occident. En sens inverse, et de manière naturelle, n’est-ce pas au cours de
ces années-là que l’art du Japon se répandit en France, et devint étudié,
collectionné, admiré ? Les frères Goncourt, Van Gogh, Monet ou Signac
montrèrent tout à coup dans leurs œuvres cette influence. Ils dirent aussi,
comme tant d’autres, leur admiration pour cet art venu d’Orient.
Portrait de l'empereur Meiji, 1887, collection British Museum |
L’exposition Meiji à
Guimet est à voir absolument. Elle est présentée de manière parfaite. Bel
éclairage, panneaux explicatifs accessibles à tous, œuvres tout aussi raffinées
que rares ou spectaculaires, et variées dans le choix proposé.
Il faut saluer le
travail du commissaire d’exposition, Michel Maucuer – conservateur en chef à
Guimet, spécialiste du Japon – et de son équipe. Le catalogue qui accompagne
Meiji est à l’image de la présentation de l’exposition. Parfait.
A la Galerie SR, évidemment,
on ne tente pas de rivaliser avec Guimet ! Cependant, on propose actuellement
un ensemble d’estampes japonaises du XIXe siècle. Là est tout ce que
nous aimons.
On se souvient du Mont Fuji au-dessus des nuages d’Hokkei,
présenté l’hiver dernier à Guimet dans une exposition d’estampes, qui avait
accueilli la grande foule. A la Galerie SR, ce sont Trois aubergines, symboles de félicité, qui sont exposées. Elles
sont du même Hokkei (1780-1850), qui, après avoir étudié la peinture à l’école
Kano, fut un élève d’Hokusai.
Du graveur d’Edo, Kunichika
(1835-1900), voici une estampe faisant partie d’un triptyque. Les bras tatoués
du porteur impressionnent, avec ce gros poisson rouge qui semble vouloir
dévorer son visage. La qualité des bleus, sur les tissus et les objets, signe
là un raffinement caractéristique de l’estampe japonaise.
Kunichika, Personnage aux bras tatoués |
Avec Utamaro et Hokusai, Hiroshige (1797-1858)
est sans doute l'un des artistes les plus célèbres de l'estampe japonaise. Il est notamment l'auteur des « 53 stations du Tokaido », mais aussi des « Vues célèbres d’Edo » auxquelles appartient cette estampe
montrant « La fête des cerisiers sur Nakanochô à Yoshiwara ». Yoshiwara
était un quartier d’Edo (aujourd’hui Tokyo), connu notamment pour ses
prostituées et ses courtisanes, lieu où aimaient se perdre notamment les
artistes.
Yoshitoshi (1839-1892) est considéré comme le dernier grand maître de l’estampe japonaise ukiyo-e. Sur cette estampe, le guerrier a disposé son chapeau noir à la manière d’un bouclier. Le contraste avec la main ensanglantée est saisissant. Hormis quelques mèches éparses, la chevelure se dresse comme une sculpture sur le crâne du combattant touché.
Yoshitoshi, Sélection des Grands Guerriers, 1868/1869 |
Cette dernière estampe
japonaise est signée Hosai (Kuniaki II), (1835-1888). L’effigie de l’acteur
Onoe Kikugoro V. enchante par la beauté du costume, le jeu de la main, le
maquillage du visage, et surtout ce fond rose qui vient mettre en valeur les
bleus et les noirs du sujet. Avec ce « portrait » d’Onoe Kikugoro V.
on sent qu'on est là face à du grand théâtre, mais aussi à un condensé de l’ukiyo-e.
Hosai (Kuniaki II), Portrait de l'acteur Onoe Kikugoro V. |
Galerie SR
16, rue de Tocqueville
75017 Paris
01 40 54 90 17
Merci à Stéphane Rochette de nous prévenir des trésors de sa galerie et de nous donner envie de courir les acheter ! L. J.
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