jeudi 7 novembre 2019

De Jean Giono, au Mucem, à Christiane Loriot de La Salle...

 



Marseille, novembre 2019

Les grandes expositions consacrées à des écrivains sont rares. On se souvient, à Paris, de celles dédiées à Antonin Artaud, René Char, ou encore Jean Cocteau. Trois réussites. Sur le même plan, on peut dorénavant ajouter celle sur Jean Giono, présentée au Mucem, à Marseille, jusqu’au 17 février 2020. 

Marseille, le Mucem, novembre 2019

Né et mort à Manosque, Jean Giono (1895-1970) eut une œuvre abondante, à double – voire triple – fond, une riche bibliothèque, qui ne cessa de l’inspirer, un goût prononcé pour la musique classique, un autre non moins aigu pour la peinture, enfin un regard tourné vers le cinéma. 

Marseille, le Mucem, exposition Giono

Marseille, novembre 2019



L’exposition du Mucem montre chacune des dimensions du poète, grâce à une documentation fournie, et bien présentée. Sylvie Giono, fille de l’écrivain, a notamment ouvert ses archives pour que l’on y puise manuscrits, documents ou œuvres d’art. Grâce à ce fonds, mais aussi à d’autres sources multiples, Emmanuelle Lambert, commissaire de l’exposition, a pu cerner l’écrivain protéiforme, et le restituer dans toute sa diversité, et sa complexité.
Les éléments biographiques sont détaillés. Les guerres constituent deux points centraux chez Giono. S’il fut mobilisé en 1914, son pacifisme, en 1944, ne fut pas suffisant pour le préserver d’un certain déshonneur. Telle sera la blessure de sa vie. L’exposition met en perspective l’homme dans ces moments cruciaux, à travers un « dossier » complet et structuré.
Si « Vallorbe » est le premier manuscrit connu de Giono (1911), Colline, Un de Baumugnes, Jean le Bleu, sont quelques-uns des romans emblématiques de ses débuts. En 1936, Max Jacob le qualifie alors de « grand écrivain lyrique ». Il n’est pas le seul. Mais comme pour un peintre, les amateurs de Jean Giono s’accordent à définir plusieurs périodes dans cette œuvre – avant et après la seconde guerre mondiale. L’ancien employé de banque de Manosque, qui deviendra membre du jury Goncourt, fut aussi l’auteur de récits, souvent épiques, dans la lignée d’écrivains admirés comme Stendhal, Melville, Faulkner… Le cycle du Hussard sur le toit, Un roi sans divertissement, mais aussi ses souvenirs d’Italie, ou sa vision de l’affaire Dominici, sont quelques-uns des textes qui paraissent après la guerre, jusqu’à son dernier livre, L’Iris de Suze.
Le spécialiste de Jean Giono, Jacques Mény, également cinéaste, est le conseiller scientifique de l’exposition. Son documentaire inédit, Souvenirs du Contadour, permet de voir et d’écouter des proches de l’écrivain. Nul ne remplace ces témoignages directs, souvent émouvants.

Bernard Buffet - Peinture pour L'Enfer de Dante - 1976

Deux sections ont une place de choix dans l’exposition : la peinture et le cinéma. Jean Giono, ami de nombreux artistes, hébergea un temps, chez lui, au Paraïs, Pierre Bergé et Bernard Buffet. Ils restèrent pour toujours ses amis. Dans une grande salle, la série de tableaux de Bernard Buffet consacrée à L’Enfer de Dante est exposée. Cela ne manque ni de souffle, ni d’ambition. Une autre salle présente divers peintres liés à Giono, ou que l’auteur admirait. L’ensemble consacré à Charles-Frédéric Brun, artiste valaisan du XIXe siècle, est remarquable. De grands amis, à commencer par Lucien Jacques, mais aussi Serge Fiorio, sont présents. Enfin, sept dessins d’un artiste « fou », mais surtout génial, Louis Soutter, réalisés à Ballaigues, près de Vallorbe, sont aussi exposés.
Les liens de Giono avec le cinéma sont, enfin, étroits. Marcel Pagnol réalisa quatre films d’après Jean Giono : Jofroi, Angèle, Regain et La Femme du boulanger. En 1960, Giono devint lui-même cinéaste. Il réalisa Crésus, avec Fernandel. Un an plus tard, il préside le festival de Cannes, et en 1963, François Leterrier tourne Un roi sans divertissement

Affiche pour Un roi sans divertissement

Tous les gionophiles vont se rendre au Mucem. Au-delà, les amateurs d’art et de cinéma apprécieront le choix et la profusion des œuvres présentées. Quant à ceux qui aiment la photographie, ils admireront les deux images du poète, chez lui, à Manosque, en 1941. Prises par Denise Bellon, tout Giono est là : visage doux, âme pacifique.
Un épais catalogue, édité par Gallimard, avec choix de couverture – bleue, verte ou jaune – accompagne l’exposition. Il est préfacé par J. M. G. Le Clezio. De nombreux textes sont contenus dans le document. Ils sont signés Sylvie Germain, Emmanuelle Pagano, Sylvain Prudhomme… A la librairie du Mucem, tous les volumes de la Pléiade, mais aussi d’innombrables éditions de poche, sont à la vente. Aucune excuse pour ne pas réviser un peu son Giono…


Marseille, le Vieux Port, novembre 2019

A Marseille, Jean Giono eut une amie écrivain, Christiane Loriot de La Salle (1898-1990). Cette rencontre est trop spécifique pour qu’elle soit mentionnée dans l’exposition, mais c’est l’occasion ici de revenir brièvement sur le parcours de cette femme de lettres, qui vécut dans le monde des arts et de la littérature.
Issue d’une vieille famille de médecins, aux origines grecques, installée dans la cité phocéenne, son nom de jeune fille est Angèle Avierinos. Ses proches l’appelaient Gégé. Une rue, à Marseille, porte le nom de son père : la rue du docteur Denis Avierinos. La famille possède alors une propriété, Le Collet Redon, à Château-Gombert, quartier situé au nord-est de la ville
Après un premier mariage avec un médecin, M. Loriot de La Salle, le couple se sépare vers 1930 au moment où Christiane, de santé fragile, est accueillie dans un sanatorium du Plateau d’Assy, sur la commune de Passy, pour soigner sa tuberculose. Là, en Haute-Savoie, elle va faire la connaissance d’un homme, de douze ans plus jeune qu’elle, en soin également, et avec lequel elle fera sa vie, Georges Auguste-Dormeuil – de la famille propriétaire de la marque des tissus Dormeuil. Catholique, elle l’épousera vers 1950, après la mort de son premier mari. Le mariage sera célébré en la célèbre église d’Assy. 

Christiane Loriot de La Salle et Georges Auguste-Dormeuil (D.R.)


Dans les années 1930 et 1940, elle publie plusieurs recueils de poésie, ainsi que des romans, comme Renaude (Albin Michel), ou Les miroirs sont brisés (Plon). Pour son nom de plume, elle conservera le patronyme de son premier mari, et changera son prénom pour celui de Christiane.



Au Plateau d’Assy, la revue littéraire et artistique Les Cahiers du Plateau est créée en mars 1935 par Claude Naville, lequel décède peu après. La revue est alors dirigée par Christiane Loriot de La Salle. Elle va écrire dans le périodique, notamment sur ses auteurs de prédilection, qu’elle rencontre et avec qui elle correspond, comme Paul Eluard – son poète préféré –, René Crevel, Luc Dietrich, Joë Bousquet, Jean Giono… Elle demande aussi des textes à de nombreux écrivains ou artistes d’alors. Beaucoup accepteront : Colette, Paul Morand, Henri-Georges Clouzot, Jean Grenier, Max Jacob… La revue comprendra vingt-et-un numéros en tout, dont un hors-série consacré à l’Italie. Le dernier volume des Cahiers du Plateau, n° XX, est publié en juin 1939. 




Pour occuper les nombreux malades répartis dans les divers sanatoriums du Plateau d’Assy, Christiane Loriot de La Salle va solliciter ses amis afin qu’ils viennent donner des conférences. Voilà des « distractions intelligentes et profitables », dit-elle. Jean Giono sera de ceux-là. Le samedi 22 février 1936, le poète se rend au Plateau d’Assy pour effectuer une lecture de textes inédits. Plus généralement, cinq extraits de textes de Giono paraîtront dans cinq volumes différents des Cahiers du Plateau, et dans le deuxième numéro de la revue, Christiane Loriot de La Salle publiera un essai intitulé « Présentation de Giono ». 

Couverture de la revue Les Cahiers du Plateau

A partir des années 1950, Christiane Loriot de La salle et Georges Auguste-Dormeuil quitteront la Haute-Savoie pour retourner vivre dans leur maison de Marseille, Le Collet Redon. Ils accueilleront là leurs amis, dont Giono.
Un autre ami du couple était l’essayiste et poète Jacques Doucet (1922-2018), dont nous avons eu l’occasion de parler dans ce blog, et que Christiane, qui n’eut pas d’enfant, considérait un peu comme son fils.
En 2012, le Bulletin 33 des Amis de Ramuz a publié les souvenirs de Jacques Doucet sur ses amis qu’il côtoya en Haute-Savoie, puis à Marseille. Le même bulletin contient une étude sur Christiane Loriot de La Salle, et une autre sur Les Cahiers du Plateau.



Enfin, on peut lire l’essai de Christiane Loriot de La Salle sur Jean Giono. Il prolonge, d’une certaine manière, le plaisir que donne l’exposition du Mucem. Dans « Présentation de Giono », Christiane Loriot de La Salle écrit : « Un autre soir, ce fut chez nous à la campagne qu’il nous lut ce passage du Serpent d’étoiles : les bergers, dans leur cantonnement secret, racontaient des histoires fabuleuses. Giono, la tête appuyée contre le gros pin, lisait ; seuls les grillons et les grenouilles continuaient à chanter et sa voix complétait parfaitement cette symphonie nocturne. » On aurait voulu, cet été-là, être un grillon, au Collet Redon… 


 

Galerie SR
16, rue de Tocqueville
75017 Paris
01 40 54 90 17



lundi 15 juillet 2019

Ah ! Les belles images : Ergy Landau, Robert Doisneau, et l'inconnu, Yves Temple

 
Lorsqu’il entre dans une galerie, le chineur commence par regarder ce qu’il y a sur les murs. Il pose ensuite une ou deux questions, avant de dire ce qu’il recherche : un artiste en particulier, une période définie, un format (petit pour mettre dans le coin d’une chambre, grand pour placer au-dessus du canapé du salon…), une technique (certains ne s’intéressent qu’à la peinture à l’huile, d’autres ne collectionnent que les œuvres sur papier…), un budget (surtout s’il s’agit d’un cadeau pour un anniversaire ou pour Noël…)
Souvent, en voyant des tableaux retournés, posés à même le sol, l’amateur demande s’il peut les regarder. L’on sent alors son cœur battre un peu plus vite, car il a l’espoir de trouver là, parmi ces œuvres un peu dissimulées, la « perle rare »… Et il arrive même qu’il la trouve. Il part alors comblé.
Tous les amateurs d’art pensent que les galeristes conservent des « trésors » au fond de leur boutique. Et il n’est pas faux que de jolies pièces soient, en effet, cachées au public. Deux raisons principales peuvent être invoquées. D’abord, les murs d’une galerie ne sont pas extensibles. Tout ne peut être accroché aux cimaises, loin de là. Mais aussi, chaque galeriste détient des œuvres qu’il se réserve plus ou moins. Certaines parce qu’elles sont ses préférées – lui aussi est un sentimental – d’autres parce qu’elles ont un peu plus de valeur, et sont donc conservées en cas de « coup dur ». Elles ne sont alors montrées qu’à des personnes choisies.
            Lorsqu’une galerie détient un fond photographique, il est difficile de faire encadrer chaque pièce. Les images se retrouvent dans des classeurs, protégées. Elles ne sortent qu’à la demande des amateurs du genre.
La Galerie SR dispose d’un certain nombre de photographies qui sont dans ces classeurs. Beaucoup datent des années 1930 aux années 1950. Hélas ! aucun document n’est signé Jacques-Henri Lartigue – notre préféré – ni Emmanuel Sougez. 

Ergy Landau, Les Peupliers de la rivière

Pour se consoler, voici deux photographies de l’artiste hongroise Ergy Landau (Budapest, 1896, Paris, 1967). Connue, à ses débuts, pour ses travaux pictorialistes, elle réalisa ensuite de nombreux portraits, mais aussi des nus, dont voici un exemple. A Paris, cette amie du peintre Moholy-Nagy, eut notamment un studio rue Lauriston, puis un autre rue Scheffer. 

Ergy Landau, Eau douce

Cette cheminée d’usine d’André Papillon (Bordeaux, 1910 – Paris, 1986), évoque une époque industrielle en grande partie révolue. Ses reportages dans des usines, ses vues de la France agricole, mais aussi ses portraits (Jean Cocteau, Luc Dietrich, Henri Matisse…) inscrivent Papillon dans l’art photographique de son temps.

André Papillon, Usine

Avec Henri Cartier-Bresson et Jacques-Henri Lartigue, Robert Doisneau est sans doute le photographe français le plus célèbre du XXe siècle. Tout le monde a en tête son Baiser de l’Hôtel de ville, ses enfants dans des salles de classe, ses hommes accoudés au comptoir de cafés. Il a aussi sillonné la France, pour des revues. L’occasion pour lui de saisir des coins de campagne, des villages, des monuments perdus dans les champs. On croirait que Polignac, vu d’en-haut, a été photographié par un drone... en réalité le cliché a été pris du haut de la forteresse. Il se découpe en deux parties. Le village, en bas, est dominé par une campagne vallonnée, diversifiée, presque infinie. C’est la vue qu’un peintre-paysagiste aurait souhaité représenter. Un André Lhote, par exemple, pour rester à cette époque.

Robert Doisneau, Polignac, Haute-Loire


Dans Notturno, le photographe Yves Temple, montre les piliers d’un temple… ou d’une église. L’éclairage est assez fascinant, et l’absence de présence humaine laisse courir l’imagination. Elle court aussi, cette imagination, sur ce photographe, bien mystérieux, dont nous ne connaissons que l’adresse de son studio, à Toulouse, et au sujet duquel nous recherchons des renseignements. Si des connaisseurs de cette œuvre tombent sur ces lignes et peuvent nous renseigner… 

Yves Temple, Notturno


 

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Galerie SR

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75017 Paris

01 40 54 90 17






jeudi 7 février 2019

Les songes de Fernand Khnopff envoûtent le Petit Palais


Tant d’artistes ! Tant de mouvements ! Trop, sans doute. Mais alors, qui aimer en art ? Fort heureusement, rien n’est figé dans les appréciations. Les goûts changent, évoluent.
Le Symbolisme reste pourtant une valeur sûre. De Puvis de Chavannes à Xavier Mellery, de Franz von Stuck à Eugène Jansson, de Gustave Moreau à Odilon Redon, nous sommes attachés à ces peintres, qui créent des rêves en nous. Et puis il y a Fernand Khnopff. On lui réservera une place à part. Tout en haut.

 

Khnopff n’a rien du peintre « maudit ». Il a vécu de son art en Belgique, sa terre natale. Il connut une célébrité raisonnable, qui dépassa vite ses frontières, et ne s’est jamais démentie. Il continue aujourd’hui d’être collectionné, exposé, admiré.
Nous nous souvenons d’un bel ensemble de ses œuvres présentées au Grand Palais, en 1997, dans la remarquable exposition « Paris-Bruxelles » (commissaires d’exposition Anne Pingeot et Robert Hoozee). En frontispice du volumineux catalogue avait été choisie Une ville abandonnée. De quoi donner le ton.
En 2004, la rétrospective Khnopff à Bruxelles avait aussi marqué nos esprits.
En 2019, le Petit Palais à Paris présente une exposition intitulée « Fernand Khnopff, 1858-1921, Le maître de l’énigme » (commissaires d’exposition Michel Draguet, Christophe Leribault, Dominique Morel). Faut-il préciser qu’elle est à voir absolument ?

Fernand Khnopff, A Fosset, un soir, 1886

Après une petite enfance passée à Bruges, ville-souvenirs qui hantera son œuvre, le jeune Khnopff effectue des études secondaires à Bruxelles. A l’âge de 17 ans, un passage par l’atelier de Xavier Mellery donnera l’inflexion au jeune homme, qui trouvera déjà là, chez son maître, de quoi inventer son propre univers. L’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles et quelques séjours à Paris parachèveront la formation artistique d’un élève doué, qui commencera à exposer à Bruxelles dès l’âge de 23 ans. Dans les années 1880, Fosset, dans les Ardennnes belges, lui inspire de nombreuses toiles.

Fernand Khnopff, A Fosset, le garde qui attend, 1883

A la fin du XIXe siècle, il n’y a pas que Paris dans le monde des arts et des lettres. Bruxelles est aussi un foyer culturel dense. C’est là où Khnopff vivra. La création du Groupe des XX, en 1883, puis de La Libre esthétique, en 1894, auxquels participera l’artiste, sont deux témoignages éclatants de cette avant-garde qui existe à Bruxelles. En 1891, Fernand Khnopff signe l’affiche de l’exposition des XX. La liste des exposants impressionne : Angrand, Filiger, Gauguin, Larsson, Pissarro, Seurat, Sisley, Smits, Van Gogh, Ensor, Finch, Minne, Lemmen, De Regoyos, Rodin, Rops, Signac, Toorop, Van de Velde, Van Rysselberghe et… Khnopff, bien sûr.

Fernand Khnopff, Une fin de jour, 1891


Dans les années 1890, Fernand Khnopff présentera aussi ses œuvres à Munich, Vienne, Berlin, sans oublier Paris, notamment au Salon de la Rose-Croix de Joséphin Péladan.
Des villes abandonnées, des campagnes figées, des canaux désertés, tels sont quelques-uns des thèmes de l’artiste, qu’il porte à son paroxysme. Mais les portraits, aux visages énigmatiques, fascinent au moins autant. En dehors des commandes, son modèle est presque toujours sa jeune sœur, Marguerite, de six ans sa cadette. Tout comme Marthe, chez Bonnard, le temps n’a pas de prise sur ses traits. 

Fernand Khnopff, Madeleine Mabille, 1888    



Fernand Khnopff, Etude de femme, 1896


            Le mouvement symboliste mêle art et littérature. Fernand Khnopff lit Stéphane Mallarmé, mais aussi Joséphin Péladan, dont Le Vice suprême lui inspire des dessins. Il voue une grande admiration à ses amis, et compatriotes, Emile Verhaeren et Georges Rodenbach, dont il illustrera le chef-d’œuvre, Bruges-la-Morte. Il compose également une série de cinq lithographies rehaussées de crayons de couleur pour une édition à tirage limité de Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck. Toute sa vie, il restera dans son monde qu’il ne cessera d’explorer, imposant une vision intérieure, fascinante et intemporelle.

Fernand Khnopff, Avec Georges Rodenbach. Une ville morte (détail), 1889

            Paris comprend quelques conservateurs qui dominent leur sujet. Parmi eux, Laurent Le Bon, directeur du Musée Picasso. Il a présenté, à l’automne dernier, deux expositions phare : « Picasso, bleu et rose », au Musée d’Orsay, et « Picasso, chefs-d’œuvre ! » au Musée Picasso. Jamais expositions Picasso n’avaient été aussi éclairantes – et magnifiques. Les catalogues en témoignent. L’autre « star » des musées parisiens est Christophe Leribault, directeur du Petit Palais. Chacune des expositions qu’il propose – Khnopff, mais aussi, en ce moment, Lequeux – est à visiter. Pour le plaisir des amateurs d’art, le « match » Le Bon-Leribault comprend deux vainqueurs. Dans un tournoi, on ne saurait les départager.



            Au Petit Palais, les lumières de l’exposition Fernand Khnopff s’éteindront le 17 mars. Il serait dommage de ne pas les voir briller d’ici là. Il restera, sinon, le plaisir de prendre un billet pour Bruxelles, et, après ce court voyage, d’admirer les Fernand Khnopff conservés dans les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, la plus grande concentration de Khnopff au monde. De quoi continuer de rêver…



Galerie SR
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