dimanche 21 avril 2013

Exposition Jos Jullien aux Archives départementales de l'Ardèche, à Privas (12 avril-30 septembre 2013)











Inauguration de l'exposition Jos Jullien.

 De gauche à droite : Marc Bolomey, vice-président du Conseil général, 
Corinne Porte, directrice des Archives départementales et Stéphane Rochette 
(Photo Archives départementales).

La vie va vite, au XXIe siècle. Pas le temps de faire des pauses, le nez toujours plongé dans son iPhone. Pour le meilleur ou pour le pire ? Sinon, les gens en réunion, en formation. Sans doute, pour déjouer le monde en récession.
Rien de tout cela à la galerie SR. Ni récession, ni progression, ni formation, ni réunion, mais une attention portée à quelques artistes oubliés, à la marge, et, on le pense, talentueux. Jos Jullien, par exemple, qui a provoqué le long silence de ce blog, car avec le travail concentré sur lui ces derniers mois, il ne pouvait en être autrement.

Grâce à la volonté de Corinne Porte, directrice des Archives départementales de l’Ardèche, la première exposition consacrée à Jos Jullien vient d’ouvrir, en ces mêmes archives, à Privas. Elle a pour titre : Jos Jullien, médecin et artiste à la curiosité universelle.



L’affiche montre l’homme en tenue de médecin. Il est assis dans une pièce qui lui sert de laboratoire. Le microscope est à portée de la main. L’air un peu perdu – ou un peu ailleurs –, il semble pénétré par quelque chose qui traverse son esprit, mais quoi ? Au-dessus de lui, des symboles chimiques sont disposés. A l’intérieur, inutile de scruter le cuivre, l’or ou l’étain. Ce sont les « qualités » de ce docteur au grand cœur que l’on peut lire : médecine, recherche, chirurgie, politique, préhistoire, archéologie, littérature, dessin, gravure, peinture. La liste, déjà longue, aurait pu l’être encore davantage. Alors, comment présenter tel homme Protée, tel dieu Shiva ? 

Bérénice, eau-forte, 1922 (Archives départementales de l'Ardèche).

Dans deux salles des Archives, l’exposition est conçue comme si nous allions passer 24 heures aux côtés de Jos Jullien, afin de vivre avec lui une journée particulière au cours de laquelle, à chaque heure, il changerait de spécialité pour nous montrer un nouvel aspect de sa personnalité.













Don Juan, eau-forte, 1922 (Archives départementales de l'Ardèche).



Ces 24 thèmes d’études se matérialisent par des panneaux illustrés, numérotés de 1 à 24. Ils montrent dans la première salle le Jullien médecin, chercheur, préhistorien et homme politique, en tant que maire de Joyeuse ; dans la seconde salle le Jullien artiste – notamment graveur et illustrateur –, mais aussi essayiste et poète. Tant de dons réunis en une seule et même personne font que l’on s’imagine très bien ce savant humaniste s’emparant d’un pinceau d’artiste peintre pour mélanger dans un erlenmeyer de chimiste tous les ingrédients de sa vie. Vision – ou raccourci – du créateur et du chercheur, un peu génial, un peu fou, mais qui ne font qu’un ! 











Jos Jullien dans son atelier, vers 1926.



Ces 24 panneaux s’accompagnent également de vitrines dans lesquelles on peut voir des documents qui tentent de faire revivre le médecin artiste. C’est à travers ce genre d’exposition que l’on mesure l’importance du fonds de l’éditeur et poète Charles Forot, conservé aux Archives départementales de l’Ardèche, fonds établi par Dominique Dupraz, ancien directeur de ces mêmes Archives. Sans ce fonds Forot, cet homme extraordinaire que fut Jos Jullien serait sans doute tombé dans l’oubli aujourd’hui.

L’exposition présente notamment ses portraits d’écrivains, ses illustrations Pour le Corydon de Gide ou encore Une saison en enfer, sa série des Masques, ses illustrations pour les éditions du Pigeonnier, de Forot, à Saint-Félicien-en-Vivarais, son travail sur Casanova (écrits et portrait)…











Une saison en enfer, burin, 1925 (Archives Départementales de l'Ardèche).



Dans un texte paru en 1927 dans l’Almanach Vivarois, l’homme politique et écrivain ardéchois Gaston Riou, dit de Jos Jullien qu’il était « le trait d’union des lettrés vivarois », avant d’ajouter : « Il est une sorte de chef d’état-major de notre culture. Sans lui nous nous ignorerions les uns les autres. Lettrés, écrivains, artistes, poursuivant notre carrière dans les métropoles, à l’écart du sol natal, tant de courants pourraient nous disjoindre ! C’est par la grâce de Jos Jullien que nous sommes unis : il nous a formés en faisceau. »

C’est un fait. Jos Jullien a d’ailleurs paraphrasé ainsi le poète latin Térence pour dire tout son amour du Vivarais : « Je suis Ardéchois, et rien de ce qui touche à l’Ardèche ne m’est étranger. ».











Les Bords du Chassezac, huile sur toile, vers 1910.



Jos Jullien a failli tomber dans l’oubli. L’histoire l’a rattrapé de justesse. Le but de cette exposition est de donner la dimension universelle de cet homme, pour qu’à l’avenir son nom et son œuvre s’inscrivent au moins dans le patrimoine culturel ardéchois…


Quelques œuvres de Jos Jullien présentées à l'exposition :

Illustrations pour sa thèse de médecine, L'Industrie des gants, 1902.




















 

Si l’exposition montre les différents aspects de la personnalité de Jos Jullien, elle s’attache notamment à son activité artistique.

Très jeune, Jos Jullien a, en effet, le goût du dessin et de la peinture, qu’il pratique dès ses années de lycée à Bourg-en-Bresse. Puis, parallèlement à ses études de médecine, qu’il entreprend à Lyon, il suit des cours aux Beaux-Arts de cette même ville, et continue de fréquenter son ami Jules Migonney, rencontré à Bourg-en-Bresse, et qui deviendra par la suite un peintre-graveur de renom à Paris.

En 1919, il fait la connaissance du poète et éditeur ardéchois Charles Forot, qui est sur le point de créer les éditions du Pigeonnier, à Saint-Félicien-en-Vivarais. Forot, conquis par les qualités de dessinateur et de peintre de Jullien, l’incite à faire des essais de gravure. Ce sera une idée de génie, car c’est sans doute là que les dons de Jos Jullien s’épanouiront de la manière la plus éclatante.

Sa période d’intense création, de graveur comme d’illustrateur, est limitée dans le temps. Elle court de 1919 à 1930 avec trois années particulièrement fécondes : 1924, 1925 et 1926.

Le bois gravé, l’eau-forte et le burin seront tour à tour utilisés par Jullien, qui se jouera des différentes techniques abordées.

Ses illustrations concernent les éditions du Pigeonnier de Charles Forot (vingt ouvrages), les éditions de la Cigale, à Uzès, de son autre ami éditeur, Georges Gourbeyre, ainsi que plusieurs autres revues ou publications.

Dans son travail d’artiste, Jos Jullien a abordé tous les sujets : scènes de genre, paysages, natures mortes, et portraits – dans lesquels il était particulièrement à l’aise. Les œuvres qu’il nous laisse sont à la fois fortes, originales et personnelles, souvent empreintes de l’esprit fin et cultivé qu’il avait. Aux côtés de Marcel Gimond et de Jean Chièze, il est l’un des grands artistes ardéchois de son temps. 

Sauf mention contraire, les œuvres présentées ci-dessous appartiennent aux Archives départementales de l'Ardèche (fonds Charles Forot).


Bois gravés (1920-1921)



Femme nue au bain



Paul-Jean Toulet
Paul Verlaine



Femme nue assise

Aquarelles et peintures

Le Cimetière au bord du lac, aquarelle, 1925.













Pour le tombeau d'Angelia de Montauvers (d'après Louis Pize), aquarelle.

Les Sauts de Rosières, huile sur toile, vers 1910 (collection particulière).


Illustrations

"Adieu ma Cendrine", 1926.

Les Premiers Vers, 1927.


Echouage, 1929.


Portraits

Edgar Poe, burin, 1926.

Stendhal, eau-forte, 1925.










Nietzsche, burin, 1926.



























Anna de Noailles, burin, 1924.


























Jos Jullien, médecin et artiste à la curiosité universelle

Archives départementales de l’Ardèche, Privas

12 juin-30 septembre 2013

Heures d’ouverture :

Du lundi au jeudi : de 8 h 15 à 12 h et de 13 h 15 à 17 h

Vendredi : de 8 h 15 à 12 h et de 13 h 15 à 17 h

Fermeture du 17 au 28 juin.

Commissaire de l’exposition : Stéphane Rochette

Assisté de Marie-Jo Cavalié et Bernadette Naud.

****************************************************

Un ouvrage de Stéphane Rochette accompagne cette exposition : Le Grand Voyage de Ramuz, qui raconte un voyage effectué par l'écrivain suisse en France, en 1926, notamment en Auvergne chez Henri Pourrat et en Ardèche chez Jos Jullien.













En 2010, les Archives départementales de l'Ardèche ont publié du même auteur une biographie de Jos Jullien :
Jos Jullien, une vie gravée en Vivarais.





Contact : galerie.sr@gmail.com





Aucun commentaire: