Oscar Chelimsky, de Paris à Saint-Maurice d'Ibie, Walkyrie Editions, 2023 |
Il en est de l’immense majorité des artistes et des écrivains. Si, de leur vivant, ils parviennent – plus ou moins – à entretenir une certaine notoriété, quelques années après leur mort, celle-ci s’éteint peu à peu. La loi est ainsi faite, impitoyable : seuls les génies, ou les très grands, parviennent à laisser une œuvre que l’on contemple ou lit des siècles après. Pour le reste…
Haywood Rivers et Oscar Chelimsky, Paris, 1950 |
Pour le reste, voici l’histoire d’un Américain à Paris, Oscar Chelimsky. Il trouva sa place dans l’art français des années 1950 et 1960, faisant partie alors de ce que l’on nomma la « Jeune Ecole de Paris », avant de retourner vivre aux Etats-Unis pour y poursuivre son travail.
Un ouvrage vient de paraître, qui fait renaître ce peintre. Le photographe et vidéaste Bruno Wagner, directeur de Walkyrie Editions, en est l’éditeur. Bruno Wagner ne travaille pas comme les autres. Il tient à sa marginalité – relative. Sa maison d’édition est installée chez lui, en pleine nature. Nous sommes là à Urau, au sud de la Haute-Garonne, dans un ancien moulin à eau, au bord d’une rivière tantôt calme, tantôt fougueuse.
Rivière qui longe le moulin de Walkyrie Editions |
Ce livre, dernier-né de Walkyrie Editions, s’intitule Oscar Chelmisky, de Paris à Saint-Maurice-d’Ibie. Il comprend une centaine d’œuvres de Chelimsky. De quoi avoir une bonne connaissance de son travail. Des photographies montrant l’artiste sont également reproduites, ainsi que des œuvres provenant de sa collection personnelle, avec notamment des pièces de quelques-uns de ses amis comme Hayter, Alechinsky, Vieira da Silva, Hajdu : une époque.
Oscar Chelimsky (1923-2010) est né à New York, où il a fréquenté plusieurs écoles d’art de la ville. Marié à la pianiste Eleanor Fine, le jeune couple arriva à Paris en 1948. Choix délibéré pour affirmer une carrière de musicienne et de peintre. Assez vite, une rencontre va s’avérer décisive, celle avec Brancusi, dont Chelimsky sera le voisin, impasse Ronsin. Proche de Brancusi, Chelimsky écrira même des souvenirs sur le sculpteur. Ce texte, publié en 1958 aux Etats-Unis dans la revue Arts, paraît pour la première fois en France dans Oscar Chelimsky, de Paris à Saint-Maurice-d’Ibie.
Oscar Chelimsky, Composition, 1951 |
Entreprenant, le peintre américain va s’occuper, en 1950 et 1951, d’une galerie éphémère, la Galerie 8, installée au 8, rue Saint-Julien-le-Pauvre. Ce lieu est surtout réservé aux artistes venus d’Amérique, artistes que Chelimsky connait, et dont certains sont restés célèbres comme Sam Francis et Jules Olitsky.
Oscar Chelimsky, Composition, 1959 |
L’art de Chelimsky a beaucoup évolué. Le peintre est un intellectuel. Il réfléchit à ses compositions, qu’il exécute lentement. Après des débuts figuratifs, parfois influencés par Braque, qu’il côtoie, l’abstraction prend vite le dessus. Il réalise des séries auxquelles il donne des noms comme Spontaneous Signs, Galloping Signs, Big Open Form ou encore la série Ibie. A chaque fois, un nouveau Chelimsky paraît. Cela peut dérouter, mais le véritable artiste se remet en question. Chelimsky ne cessera jamais de chercher des signes et des formes nouvelles pour composer ses toiles. Son travail de dessinateur sera tout aussi inventif.
Oscar Chelimsky, Composition sur partition musicale |
La critique remarqua l’artiste, notamment lorsqu’il bénéficia de plusieurs expositions personnelles à la galerie Jeanne Bucher. Les ventes furent-elles à la hauteur des espérances du peintre et du galeriste ? Pas totalement. Aucune publication sur le travail de Chelimsky ne parut, même par la galerie Jeanne Bucher, alors qu’en ce lieu comme ailleurs l’artiste bénéficia de nombreuses expositions personnelles et de groupe. Voilà pourquoi le livre de Walkyrie Editions vient combler un vide, permettant la découverte d’un peintre qui apporta sa touche personnelle à l’abstraction en France des années 50, et notamment à ce que l’on nomma la « Jeune Ecole de Paris ».
Seize peintres de la Jeune Ecole de Paris, 1956 |
Affiche de l'exposition Recherches 62, American Center, Paris |
Oscar et Eleanor Chelimsky aimèrent vivre à Paris. Ils y eurent deux enfants, Thomas et Catherine. Mais Oscar et Eleanor découvrirent aussi en 1954 un village caché du sud de l’Ardèche nommé Saint-Maurice-d’Ibie. Ils y acquirent une maison. En été, le couple et leurs enfants vinrent y passer de longues vacances. Pur bonheur, partagé avec leurs voisins du village, dont le couple d’artistes Luce Ferry et Etienne Hajdu, le poète Jacques Dupin et son épouse Christine. Les dîners n’en finissaient pas. Le vin blanc local participait à l’animation des conversations. D’autres amis n’étaient pas loin. On les recevait ou on leur rendait visite. Parmi eux, Helen Philips et son mari Stanley Wiliam Hayter, artistes qui vivaient alors en partie à Alba-la-Romaine.
Oscar Chelimsky, Composition, 1961 |
Parmi les observateurs de l’œuvre de Chelimsky, il y eut ce cher Michel Seuphor, écrivain le matin et dessinateur l’après-midi (ou l’inverse ?) Pour Seuphor :
« La peinture de Chelimsky est une sorte de calligraphie légère et chaude. Ses couleurs semblent flotter sur la toile sans vouloir la pénétrer. Un souffle très doux anime cette végétation abstraite et mêle tout sans rien déranger. »
Oscar Chelimsky, Composition, 1966 |
A la fin des années 1960, Oscar et Eleanor rentrèrent vivre aux Etats-Unis. Le peintre continua son œuvre. Il enseigna également. Commença là une autre vie, mais avec toujours la nostalgie des années passées à Paris, synonymes de sa jeunesse, des échanges avec ses pairs, et d’une certaine gloire acquise alors…
Lire : Oscar Chelimsky, de Paris à Saint-Maurice-d’Ibie.
Prix de vente : 29 €.
Pour toute commande, adresser un chèque de 34 € (frais de port partagés) à l’ordre de Walkyrie Editions. Chèque à envoyer à :
Walkyrie Editions
Moulin de Cabiroun
31260 Urau
Galerie SR
16, rue de Tocqueville
75017 Paris
01 40 54 90 17
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire